Les dernières annonces pour faciliter l’accès au foncier en trois chiffres
Augmenter le nombre de solutions de portage de foncier et soutenir la transition agroécologique, c’est l’ambition des levées de fonds qui ont été présentées ce 27 février au Salon international de l’agriculture.
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C’est un nouveau levier financier pour faciliter l’accès au foncier qui a été présenté ce 27 février au Salon international de l’agriculture. Il comprend deux dispositifs en faveur du portage du foncier dont les grandes lignes ont été dévoilées mardi par certains de leurs acteurs : le programme public « Entrepreneurs du vivant » et le lancement du fonds Elan dont les Safer sont à l’initiative. Retour sur les derniers détails en trois chiffres.
395 millions d’euros de fonds publics
Le fonds « Entrepreneurs du vivant » est doté de 395 millions d’euros, a annoncé la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard. Il a deux objectifs : « faciliter la mise à disposition de foncier auprès de nouveaux exploitants et soutenir l’innovation et la transition agroécologique. »
À ces 395 millions financés par l’État via le programme France 2030, s’ajoute la participation à hauteur de 105 millions d’euros de la Caisse des dépôts sur ses fonds propres, portant le total de l’enveloppe à 500 millions d’euros, a précisé François Wohrer, directeur du financement de la Banque des territoires, l’une des composantes de la Caisse des dépôts.
Ce programme d’investissements se déploiera au cours des quatre prochaines années dans des fonds ou des sociétés d’investissement. « La méthode est de financer des financeurs pour créer un appel d’air capitalistique », résume Annie Genevard. « La puissance publique ne pourra jamais être la seule réponse aux problèmes de l’agriculture », a ajouté la ministre, s’opposant au modèle d’une « économie assistée ». « Le secteur privé doit être là pour apporter sa contribution », clame-t-elle.
Une position partagée par Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement, en charge de France 2030. « On parle plus souvent en agriculture de subvention que de fonds. Il faut changer de paradigme en traitant les agriculteurs comme des entrepreneurs qui demandent des fonds pour croître. »
L’appel à manifestation d’intérêt du programme « Entrepreneurs du vivant » est ouvert aux candidatures jusqu’au 31 mai 2028. Acteur historique du portage du foncier, la foncière Terre de liens qui a acquis plus de 350 fermes en agriculture biologique depuis sa création a notamment déposé un dossier.
Trois premiers investissements déjà réalisés
Trois lauréats ont déjà été choisis. Le premier présenté est le fonds Elan créé à l’initiative des Safer. Il sera constitué de 20 millions d’euros provenant du programme « Entrepreneurs du vivant » via la Banque des territoires, sur un total de 40 millions d’euros (lire ci-dessous).
La foncière solidaire Fermes en vie (Feve) est également lauréate. La Banque des territoires interviendra ici à hauteur de 4 millions d’euros au capital de la société fixé à 30 millions d’euros dont deux tiers proviennent de la collecte d’une épargne auprès de particuliers, décrit Simon Bestel, cofondateur de Feve. La société accompagne notamment depuis quatre ans l’installation d’agriculteurs dans une optique agroécologique. La foncière achète des entreprises agricoles qui sont louées au titre d’un bail à clauses environnementales. Les agriculteurs ayant là une option d’achat pour devenir propriétaire. C’est le cas de Franck Quelven que la France agricole avait rencontré chez lui en Loire-Atlantique en 2024. Feve revendique avoir déjà financé plus de 2 000 hectares cultivés en agroécologie.
Le dernier fonds lauréat est une filiale du groupe Crédit coopératif appelé « Bio filières durables » et géré par Esfin gestion. La Banque des territoires y participera à hauteur de 6 millions d’euros permettant à la filiale de finaliser une levée de fonds de près 40 millions d’euros. Elle vise à soutenir des coopératives agricoles et des entreprises de l’amont et en aval de la filière bio en proposant d’y investir entre 500 000 et 600 000 euros.
40 millions d’euros pour donner un Elan
Cette fois-ci est la bonne. Après avoir connu plusieurs faux départs ces dernières années, le fonds Elan imaginé par les Safer et géré par Citizen Capital est définitivement lancée. Il sera doté d’une première levée de fonds de 40 millions d’euros : 20 millions d’euros de la Banque des territoires pour le compte de l’État dans le cadre du programme « Entrepreneurs du vivant » précité et 20 millions d’euros du Crédit Agricole et du Crédit mutuel.
Cette enveloppe financera une solution de portage de foncier sur un temps long au travers des baux de 25 ans. L’agriculteur bénéficiaire aura une option d’achat à partir de la dixième année. Une centaine d’agriculteurs pourront en bénéficier dans les trois premières années.
« Ce sera un outil complémentaire de ceux déjà existants dans les régions qui sont sur des temps de portage plus courts, précise Gilles Flandin, secrétaire général de la FNSafer. Les Safer auront pour rôle d’orienter plus justement les porteurs de projets vers les différentes solutions. »
« 40 millions d’euros ce n’est qu’un début, prévient Laurence Mehaignerie, cofondatrice de Citizen Capital. Nous sommes déjà en discussion avec des investisseurs institutionnels pour agrandir le fonds. Nous n’écartons pas de solliciter l’épargne des Français via l’assurance vie. »
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